Mars 2014
Connaissez-vous le test de la guimauve? Durant les années 1960, un professeur de l’Université Stanford, Walter Mischel, a mené une étude auprès de 600 enfants de 4 ans dans le but de déterminer les effets de la gratification différée sur les enfants.
L’expérience se passait comme ceci. À tour de rôle, les enfants allaient dans une pièce. Une dame se présentait, plaçait une guimauve dans une assiette, devant l’enfant, puis lui disait qu’elle allait s’absenter pendant 15 minutes. Elle lui promettait que, s’il s’abstenait de manger la guimauve, elle lui en donnerait une deuxième à son retour. Les enfants réagirent différemment à cette expérience. Certains mangèrent la guimauve aussitôt que la chercheure eut fermé la porte derrière elle. D’autres (30 % des enfants) furent capables d’attendre le retour de la dame pour recevoir la deuxième guimauve et les manger toutes les deux. Bien qu’également soumis à la tentation, ils avaient trouvé une façon de résister.
Quelle signification tirer de cette expérience? Walter Mischel a suivi ces enfants pendant plusieurs années pour voir comment leur vie se déroulait.
- D’un côté, il découvrit que les enfants qui avaient résisté à la tentation de manger la guimauve réussissaient mieux à l’école et, plus tard, dans leur carrière, dans leur mariage et dans la vie en général. Ils avaient de meilleures relations avec leurs pairs, géraient mieux le stress et possédaient les traits de caractère utiles au succès, telles la confiance, la persévérance et la capacité de composer avec la frustration.
- D’un autre côté, les enfants qui avaient englouti la guimauve éprouvaient de la difficulté à subordonner leurs impulsions immédiates au profit d’objectifs à long terme. Par exemple, quand il était temps d’étudier pour un examen important, ils avaient tendance à se laisser distraire par une émission de télévision.
Mais qu’avaient fait les enfants qui avaient réussi pour résister à la tentation et attendre la deuxième guimauve? Les chercheurs ont examiné les enregistrements plusieurs années plus tard et ont constaté que les enfants qui avaient pu attendre 15 minutes avant de manger les guimauves avaient réussi à le faire parce qu’ils avaient tous contrôlé leur environnement pour s’éloigner des tentations. Certains s’étaient couverts les yeux, d’autres avaient joué à cache-cache sous le bureau, d’autres avaient chanté des chansons, d’autres s’étaient tournés dos aux guimauves, d’autres s’étaient levés pour écouter à la porte, d’autres avaient marché dans la pièce. Ils avaient fait quelque chose pour ne pas avoir à faire face à la tentation. Le désir n’avait pas été vaincu, il avait simplement été oublié.
Ces stratégies peuvent également se transposer dans le milieu de travail. Il s’agit d’abord de déterminer le résultat, le projet, le rêve que vous désirez réaliser et d’identifier les tentations dont vous devrez vous éloigner pour atteindre votre objectif. Devant l’activité prioritaire à accomplir, il pourrait s’agir de fermer votre cellulaire, de filtrer vos appels, de désactiver les alertes de votre courriel, de fermer votre porte, d’enlever tout papier sur votre bureau, d’enlever les photos de famille de votre champs de vision, de faire face à un mur et non à une fenêtre. Il est facile de découvrir les tentations qui se présentent dans votre vie. Ce sont les activités qui vous donnent un plaisir immédiat (déguster la guimauve) mais qui vous privent d’avantages à plus long terme (savourer deux guimauves plus tard).
En fait, il vaut toujours mieux attendre pour obtenir ce que vous désirez vraiment : deux guimauves au lieu d’une seule. Pour cela, il suffit de retarder la gratification, c’est-à-dire sacrifier le plaisir immédiat de déguster la guimauve dans le but de savourer deux guimauves plus tard.
Le contrôle de votre impulsivité et le développement de saines habitudes, telles que la retenue, le focus, une vision à long terme et la priorisation, vous permettront de ne pas succomber à la tentation de la guimauve.
Sur ce, je vous souhaite un beau printemps et au plaisir de vous retrouver en avril pour le prochain bulletin.