Connaissez-vous le récit fictif de L’homme qui plantait des arbres écrit par Jean Giono en 1953 dont un film d’animation du même nom, gagnant de plusieurs prix, a été réalisé en 1987 pour Radio-Canada? Voici cette inspirante histoire.
L’homme qui plantait des arbres, c’est l’histoire fictive d’un berger de Provence, Elzéard Bouffier, un veuf de 55 ans qui habitait seul en montagne dans sa maison en pierre après avoir perdu son fils unique et sa femme. II s’était retiré dans la solitude où il prenait plaisir à vivre lentement, avec ses brebis et son chien. La montagne où il vivait était tellement désolée que seules quelques lavandes disséminées osaient pousser. Les villages avaient été abandonnés, faute d’eau. Il jugea que ce pays mourait par manque d’arbres et n’ayant pas d’occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses.
Chaque jour, il triait 100 glands et les plantait. En trois ans, il en avait planté 100 000. Sur ces 100 000, 20 000 étaient sortis. Sur ces 20 000, il comptait encore en perdre la moitié, du fait des rongeurs ou de tout ce qu’il y a d’impossible à prévoir dans les desseins de la Providence. Restaient 10 000 chênes qui allaient pousser dans cet endroit où il n’y avait rien auparavant.
Il planta ainsi des arbres jusqu’à l’âge de 87 ans. En plantant des glands jour après jour, année après année, il finit par créer une belle et grande forêt. Aux chênes, il ajouta des hêtres et des bouleaux. Bien plus qu’à une forêt, son projet redonna vie à une région entière. Les cours d’eau asséchés se sont remis à couler, des villages abandonnés se sont reconstruits peu à peu et se repeuplèrent. C’était désormais un endroit où l’on avait envie d’habiter.
Par la seule volonté d’un homme, par son geste, par sa main, une forêt est née. Cet homme avait su ramener la vie là où elle avait disparu.
Pistes de réflexion
Ce récit offre plusieurs pistes de réflexion. J’aimerais vous parler de celles de Robert Dutton, ex-président de RONA. ll explique dans son livre biographique Mise à niveau, que « ce texte lui parle de vision, de l’importance de voir et d’agir dans la durée, de la grandeur du banal quotidien ». Ce texte lui dit également que « demain n’a de sens que si on voit loin devant et que les résultats les plus spectaculaires et aussi les plus durables se construisent de façon totalement imperceptible ». Ainsi, il explique que :
« L’action est urgente, mais patiente est la vision. Elzéard Bouffier agissait dans une sorte d’urgence. Chaque jour, sans attendre, il devait planter sa centaine d’arbres, comme s’il allait mourir le soir même. Mais cette action quotidienne trouvait son sens sur une durée de 30 ou 50 ans.
Il y a un peu d’Elzéard Bouffier dans chacun de nous. Sans que nous le sachions, les gestes que nous poserons demain – ou ceux que nous ne poserons pas – auront un impact dans 30 ou 50 ans. Et pour ceux qui ont des rêves à réaliser dans 10, 20 ou 30 ans, ceux qui veulent des chênes dans quelques décennies, il y a une certaine urgence à planter des arbres dès aujourd’hui.
Il faut donc se méfier des notions de court terme et de long terme. Certes, le court et le long terme existent. Mais ils ne s’opposent pas… ils sont tressés l’un avec l’autre ».
« La vie prend tout son sens lorsqu’on construit l’avenir, pas lorsqu’on l’attend. L’âge d’Elzéard Bouffier n’est pas anodin et apporte une autre piste de réflexion. Au début du récit, il a 55 ans. Il a donc atteint l’âge où on récolte les fruits du labeur passé. Il n’a ni femme, ni enfant, il n’a donc aucune raison de s’investir dans l’avenir.
Or, loin de couler ses jours dans un hamac à récolter des fruits, Elzéard Bouffier plantait des arbres. Il en planta jusqu’à sa mort, à 87 ans. Sachant qu’un chêne met 50 ans pour arriver à maturité… pourquoi diable faisait-il cela? Sûrement pas pour gagner sa vie, il le faisait gratuitement.
Un personnage qui observait Elzéard Bouffier quand celui-ci avait 75 ans semble l’avoir compris. Elzéard Bouffier a trouvé un fameux moyen d’être heureux. Il avait en effet compris que la vie prend tout son sens lorsqu’on construit l’avenir, pas lorsqu’on l’attend. Ainsi, l’avenir lui apportait des fruits immédiats. C’est vrai pour tout individu et pour toute organisation, peu importe leur âge ».
La mission personnelle est importante pour planter des arbres. Lorsqu’il a perdu son emploi chez RONA, c’est sa mission personnelle qui a permis à Robert Dutton de ne pas sombrer. Sa mission qu’il avait mise par écrit disait : « Participer avec d’autres à une société plus juste, plus responsable et plus humaine ». Il prit conscience qu’il ne pourrait plus planter d’arbres chez RONA, mais que sa mission ne s’éteignait pas pour autant puisqu’il pourrait continuer à planter des arbres ailleurs mais différemment.
C’est maintenant auprès de jeunes étudiants et de jeunes entrepreneurs que Robert Dutton réalise sa mission par son travail d’enseignant et de mentor. Quand il se retrouve face à une classe d’étudiants ou face à un groupe de jeunes entrepreneurs, il se dit qu’il plante des arbres, que ces jeunes pousses atteindront la maturité dans 10 ou 20 ans et qu’il profite dès maintenant de l’avenir comme le faisait Elzéard Bouffier.
Cette fable est une ode à la nature et à la vie, et nous rappelle tout ce qu’il faut de constance et de générosité pour réaliser notre vision.